C’est dans la commune rurale de Champfleur que les 48 salarié·es de cet Ehpad public rattaché au centre communal d’action sociale de la ville ont décidé de construire elles et eux-mêmes une grille de cotation pour mesurer la pénibilité de leur travail, leur ouvrant ainsi le droit à la compensation.
Après l’épreuve du Covid et ses conséquences sur l’organisation du travail, la prise de conscience éclate au grand jour : le travail pénible doit être reconnu !
Les salarié·es, majoritairement des femmes, ne veulent plus continuer à travailler comme avant. Leurs métiers – infirmier·es, aides-soignant·es, auxiliaires de vie – abîment et transforment durablement leurs corps.
Au sein des services, les situations de pénibilité sont multiples : le travail de nuit lorsqu’il faut veiller sur les résident·es fragiles, le port de charges lourdes lorsqu’il faut soulever les personnes âgées pour la toilette, ou encore le travail en horaire décalé, durant le week-end, l’exposition au bruit ou à des produits dangereux, sans oublier la gestion du relationnel avec les familles des résident·es qui peut parfois être difficile.
Ainsi, ce qui était accepté hier ne l’est plus aujourd’hui. Gagner sa vie ne doit plus rimer avec pénibilité au travail.
Les salarié·es de l’Ehpad Les Lys ont réussi d’entrée de jeu à faire reconnaître leurs réflexions sur la pénibilité au travail dans un cadre légal, qui ne sera plus remis en cause par la suite. Dans un procès-verbal du conseil municipal, Le maire employeur a validé la légitimité de la CGT à œuvrer sur le sujet de la compensation liée à la pénibilité au travail.
Tout s’est alors accéléré : les salarié·es ont débattu longuement autour du sujet, au cours de nombreuses réunions syndicales animées par la CGT. Chaque filière a pu exprimer son vécu, sa réalité de travail, nourrissant le projet petit à petit.
En effet, la reconnaissance de la pénibilité doit reposer sur la réalité du travail, pour déterminer la nécessaire et juste compensation en termes de repos supplémentaires.
Ces temps d’échanges ont permis de libérer la parole. Les salarié·es ont pu exprimer leurs difficultés au travail, gagner en confiance et in fine valoriser leur travail.
Après un travail méticuleux et reconnu entamé en août 2021, les salarié·es ont donc produit elles et eux-mêmes une grille d’évaluation et de cotation de la pénibilité avec l’ensemble des situations exposées, sans omettre le facteur de l’âge. Cette grille consacre désormais le droit à la reconnaissance de la pénibilité au sein de l’Ehpad les Lys de Champfleur. Plus de 40 salarié·es ont obtenu un jour et demi à trois jours de congés supplémentaires par an chacun·e, et pourront bénéficier de ce droit dès cette année.
La CGT a su convaincre et rassembler les travailleur·ses de cet établissement pour construire collectivement les revendications à partir de la réalité du travail vécue.
Désormais, la CGT veut exporter cette méthodologie à d’autres établissements du secteur.
Sur le plan des adhésions, la CGT est fière de compter 5 nouvelles adhérentes qui sont devenues très rapidement des militantes engagées et déterminées à poursuivre la conquête de droits nouveaux.
Montreuil le 9 juin 2023
Rédigé par M.A.
