À Enghien-les-Bains, grève victorieuse pour les salarié·es du casino Barrière

Publié le 25 aoû. 2023
Image
Luttes gagnantes
En plein cœur de l’été, les caissier·es centraux·les des machines à sous du groupe Barrière, premier casino de France, se sont mis·es en grève pour exiger l’application totale et immédiate de leur grille des salaires. La direction a finalement plié au bout de six jours de lutte, faisant passer les salarié·es du statut d’employé·es à celui d’agent·es de maîtrise, avec à la clé de 100 à 350 euros de revalorisation salariale mensuelle applicable au 1er juillet 2023. 

Devant le Lac d’Enghien-les-Bains et ses jets d’eau magnifiés par les effets de lumière le soir venu, les plus riches s’adonnent à l’ivresse des jeux : machines à sous en tous genres, tables de black-jack, roulettes… Le casino Barrière fait recette, drainant plus de 150 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, dont près de 100 millions d’euros pour la seule partie des jeux et machines à sous.

Mais cet argent ne profite pas à tou·tes. Les 600 salarié·es, dont le travail permet le rayonnement du casino, de son pôle hôtelier, de ses thermes et de ses jeux, sont comme toujours les grand·es oublié·es du partage de la richesse.

Suite au Covid, une prise de conscience des salarié·es

La crise du Covid et les longues périodes d’arrêt d’activité ont frappé l’établissement de plein fouet, en particulier les caissier·es centraux·les des machines à sous, dont une part non négligeable de la rémunération est issue des pourboires. Elles et ils ont donc pris brutalement conscience de la fragilité du système de leur rémunération, occasionnant des discussions de plus en plus nombreuses au sujet de leur salaire.

Au cours de ces dernières, en regardant leur fiche de paie de plus près, elles et ils ont découvert avec stupeur que la direction du casino n’appliquait pas la grille des salaires : quelle que soit leur ancienneté (jusqu’à quinze ans pour certain·es), tou·tes les salarié·es étaient placé·es au premier échelon.

Refusant cet inadmissible état de fait, la totalité du service s’est rapprochée du syndicat CGT présent au casino pour passer à l’action.

La lutte s’est ouverte le 9 juillet dernier par une pétition dénonçant la non-application de la grille des salaires des des douze caissier·es centraux·les des machines à sous, signée par tout le service et remise à la direction par le syndicat CGT.

Les revendications formulées étaient les suivantes :

  • une augmentation salariale substantielle pour tou·tes les caissier·es centraux·les des machines à sous, afin de garantir une rémunération juste et équitable en fonction des compétences, de l'ancienneté et des responsabilités ;
  • Une amélioration de l’évolution professionnelle ainsi qu'une réévaluation salariale au niveau 4 de l'échelle de rémunération en agent·es de maîtrise, plus précisément pour les indices 155 et 160 ;
  • la mise en place d'un mécanisme de réévaluation régulière, permettant de garantir des augmentations en adéquation avec l'évolution du coût de la vie.

La direction du casino ne semblant pas prendre leurs justes revendications au sérieux, les salarié·es ont décidé de durcir la lutte.

Face au mépris de la direction, la grève s’organise

Le 13 juillet à 5 heures du matin, devant la belle façade de verre au style « belle époque » du casino Barrière, les caissier·es centraux·les ont planté leur piquet de grève, matérialisé par un barnum et des drapeaux aux couleurs de la CGT, éclaboussant de rouge l’entrée principale du casino. L’ambiance est donc à la résistance et à la combativité. Le mot d’ordre est lancé : « On ne bouge pas de là tant que la direction refuse d’appliquer l’effectivité de la grille des salaires».

Les caissier·es ont tenu le piquet vingt-quatre heures sur vingt-quatre, faisant montre de leur résistance et de leur combativité. Elles et ils ont pu compter sur le soutien des salarié·es des autres services, venu·es discuter avec les grévistes et leur apporter des vivres. Elles et eux aussi ont pris conscience que leur rémunération était loin d’être à la hauteur des efforts exigés par le casino, des soirées et week-ends sacrifiés, de la vie familiale et de la santé altérées.

Les grévistes ont également pu compter sur les camarades de l’union départementale CGT du Val-d’Oise et de la Fédération du commerce, répondant présent·es sur le terrain et apportant le soutien militant et matériel nécessaire à la lutte.

Mais l’effervescence du piquet ne passait pas les portes : la profession étant très réglementée (seul·es les salarié·es habilité·es à manipuler l’argent dans le casino ont droit de cité), la salle des machines à sous tournait au ralenti. Faute de caissier·es, l’ivresse des jeux disparaît, les millions d’euros avec… Cette situation, devenue insupportable pour la direction, l’a contrainte à s’assoir autour de la table des négociations.

La lutte porte ses fruits… et pourrait faire tache d’huile

Le 18 juillet, après six jours de grève continue, la direction a finalement satisfait aux revendications des salarié·es grévistes, qui ont obtenu le passage du statut d’employé·es à celui d’agent·es de maîtrise avec une augmentation de salaire mensuel individuelle de 100 à 350 euros selon l’ancienneté respective des salarié·es, et effet rétroactif au 1er juillet 2023.

Suite à cette victoire, de nombreux·ses salarié·es se sont rapproché·es du syndicat CGT afin de poursuivre activement la bataille pour une meilleure répartition des fruits de leur travail. Aujourd’hui, plus de 110 salarié·es du casino Barrière sont syndiqué·es à la CGT.

Cette lutte est une véritable source d’inspiration pour tou·tes les salarié·es des casinos en France, afin de leur permettre d’obtenir des augmentations de salaires et de meilleures conditions de travail. Les employeurs de la branche sont prévenus…

Montreuil, le 24 août 2023
Rédigé par M.A.

Repère revendicatif