La grève a porté ses fruits chez Becton Dickinson

Publié le 1 sep. 2023
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Luttes gagnantes
Après quelques jours de grève en juillet dernier, les 2 600 salarié·es de Becton Dickinson ont arraché 5 % d’augmentation de salaire et de nombreuses améliorations de leurs droits et conditions de travail.

Une entreprise florissante grâce au travail des salarié·es

C’est dans la ville de Pont-de-Claix dans le département de l’Isère que se situe le siège mondial de Becton Dickinson où les salarié·es fabriquent plus d’un million de seringues de verre par jour. La production est destinée aux laboratoires pharmaceutiques pour assurer des soins médicaux. L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 1,46 milliard d’euros et dégage près de 180 millions de bénéfices nets en 2022. Rien de tout cela ne serait possible sans les compétences des 2 600 salarié·es du site.

Fier·es du succès de l’entreprise qu’elles et ils estiment à juste titre être le leur, les salarié·es ont saisi l’occasion des négociations annuelles obligatoires de mi-juin pour réclamer la part de richesse qui leur revient. Après avoir rédigé un tract, la CGT a invité les salarié·es à donner leur avis et à compléter les revendications qui y étaient inscrites. Les échanges, nombreux et fructueux, ont permis à chacun·e de se sentir pleinement engagé·e dans le processus de la lutte. 

Pour récompenser les efforts que chacun fournit, les salarié·es et leur syndicat CGT revendiquaient l’octroi de nombreuses avancées sociales :

  • 370 euros d'augmentation générale pour tout le personnel ;
  • la revalorisation des primes de contraintes : nuit et salle blanche. La même pour tou·tes sur la base des cadres (nuit), la même pour tou·tes sur la base des techniciens (salle blanche).
  • extension de la prime de progrès à tout le personnel
  • l’intégration de toutes les primes (ancienneté, contraintes et prime de progrès) dans le salaire de base ;
  • la prise en charge de la mutuelle à 100 % ;
  • l’ouverture d'une négociation sur la semaine de quatre jours et les 32 heures ;
  • la mise en place de la subrogation ;
  • l’augmentation de la subvention pour chaque admission au restaurant collectif d'entreprise ;
  • une heure d’information syndicale trimestrielle pour les salarié·es, prise sur le temps de travail ;
  • le droit de diffuser des tracts via la boite mail professionnelle ;
  • la rénovation et la création de douches sur le site de Grenoble-Eybens ;
  • l’augmentation de la prime de mobilité jusqu’à 500 euros ;
  • le bénéfice du portefeuille d'actions ouvert à tout le personnel.

Ne pouvant nier les bons résultats financiers de l’entreprise (en progression de 38 %), l’employeur a anticipé le conflit en formulant une série de mesures en faveur des salarié·es. Mesures qui faisaient toutefois pâle figure au regard des revendications portées par les ouvrier·es, technicien·nes et cadres de l’entreprise, soutenu·es par leur syndicat CGT – seule organisation à engager le bras de fer avec la direction.

Les NAO, une occasion pour les salarié·es d’engager la bataille pour les salaires

La  3e réunion des NAO n’ayant pas débouché sur un accord, le syndicat CGT a décidé de passer à la vitesse supérieure. 

Dans la soirée du 29 juin, les salarié·es et leur syndicat sont entré·es en grève. Plus de 80 travailleur·ses de l’équipe de nuit ont cessé le travail durant deux heures, relayés par l’équipe de jour le lendemain matin. Tou·tes les grévistes se sont rassemblé·es le jour même de 10 heures à midi devant l’entrée de l’usine, formant un bloc uni face à une direction pas décidée à lâcher prise. La CGT a profité de ce moment syndical pour écouter le ressenti des salarié·es. Ensuite, l’équipe de l’après-midi a pris part à l’action en cessant à son tour le travail de 16 heures à 18 heures. Tous les métiers sont représentés dans la grève : les opérateurs et techniciens de maintenance, les électriciens, les caristes, les opérateurs chargés du conditionnement en fin de ligne, les régleurs, les stoppeurs…

Ce mode d’action, réunissant dans la lutte tous les corps de métier de l’entreprise, s’est poursuivi ainsi jusqu’au 3 juillet. En effet, l’impact de la grève sur la production a encouragé la direction à revenir à la table des négociations avec de nouvelles propositions… différentes en fonction des catégories de personnel ! Ne tombant pas dans le piège de la division et toujours insatisfait·es, les salarié·es ont donc décidé de poursuivre le mouvement, avec une nouvelle série de grèves du 8 au 10 juillet.

Des acquis d’envergure arrachés 

Face à la détermination des travailleur·ses en lutte, la direction n’a pas eu d’autres choix que de répondre de manière sérieuse à leurs justes revendications. Elle a donc de nouveau rencontré les organisations syndicales avec, sur la table, des avancées appréciables : 

Salaire et primes :

  • 5 % d’augmentation de salaire pour les salarié·es gagnant moins de 4000 euros mensuels ;
  • 4,3 % d’augmentation de salaires pour les salarié·es gagnant plus de 4000 euros mensuels ;
  • 5 % d’augmentation sur les primes de contraintes (salles stériles, travail de nuit, travail posté en 4 x 8) ;
  • alignement de la prime de nuit élargie à tou·tes les salarié·es avec réévaluation, soit un montant mensuel de 187,61 euros ;
  • Pour les cadres :  prime d’objectif de 2 % du salaire annuel.

Qualité de vie au travail et avantages sociaux : 

  • frais de santé et mutuelle : augmentation de la part employeur qui passe à 80 % ;
  • aménagement d’une salle dédiée à la détente et au repos ;
  • amélioration des prestations en matière de soins dentaires et mise en place d’un réseau optique pour bénéficier d’une offre plus avantageuse pour les salarié·es.

Congés santé :

  • mise en place de congés dits de santé – douze jours par an. Avec par exemple reconnaissance de l’endométriose pour les femmes, soins liés à la prise en charge des cancers ou encore les soins liés à la PMA.

Faciliter la garde des enfants :

  • 10 berceaux réservés pour des salarié·es de l’entreprise ;
  • alignement du nombre de jours de congé pour PACS sur le nombre de jours de congé pour mariage, soit cinq jours.

Responsabilité sociétale entreprise :

  • subvention de 500 euros pour l’achat d’un vélo électrique pour chaque salarié·e qui effectue ses trajets pour se rendre au travail ;
  • amélioration du mécanisme de versement pour la prime de mobilité afin de faire profiter un plus grand nombre de salarié·es.

Engagement de négociations sur 2024 :

  • accords séniors ;
  • prime de progrès ;
  • organisation du travail (semaine de quatre jours) ;
  • grille de salaires des ouvriers et agents de maitrise.

Le syndicat CGT a donc consulté l’ensemble des salarié·es, et 93 % des répondant·es se sont prononcé·es pour la signature de l’accord.

Autre victoire : à l’issue de la grève, 20 salarié·es supplémentaires ont adhéré à la CGT. De belles actions de lutte en perspective !

photo grève Becton Dickinson juillet 2023


Montreuil, le 31 août 2023
Rédigé par M.A.
 

Repère revendicatif